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La Population De La France

Autor:   •  March 21, 2016  •  Course Note  •  7,411 Words (30 Pages)  •  1,221 Views

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CHAPITRE II. LA POPULATION DE LA FRANCE I. Sur les origines des Français Qu’est-ce qui fait que quelqu’un est Français? C’est une vas- - 29 - te question quand on sait que la France, carrefour d’invasions et d’immigrations, a vu se succéder, se combattre et s’établir sur son sol une cinquantaine de peuples. Durant deux millénaires, avant l’an mille, des hordes d’envahisseurs ont périodiquement déferlé sur le territoire de la France. Deux siècles durant, des vagues d’immigrants ont répondu aux besoins de main-d’oeuvre exprimés par la France. Plus de 18 millions de Français (1/3 de la population) ont aujourd’hui pour père, pour grand-père ou arrière-grand-père un étranger. Des Celtes... aux Vikings* A l’origine, quelques tribus préhistoriques, peu nombreuses, habitaient le territoire de l’actuelle France. * Des Celtes, venus de l’est, repoussent au IX-e siècle avant Jésus-Christ dans les montagnes les populations plus anciennes; * Des Grecs se fixent au VII-e siècle avant Jésus-Christ sur la côte méditerranéenne; * Des Romains, venus d’Italie au I-ier siècle avant JésusChrist, établissent peu à peu leur domination sur les 80 tribus celtes qu’ils appellent Galli ou Gaulois; * Des Barbares, venus de l’est vers le V-e siècle, eux-mêmes poussés par les Huns. Ils envahissent la Gaule romaine et s’installent parmi environ 10 millions de Gallo-Romains, des Alamans, des Francs, des Wisigoths, des Burgondes, des Vandales. Chacun de ces peuples ne devait pas dépasser 100 000 personnes, à l’exception des Francs qui, vers les années 500, dominent toute la Gaule; * Des Arabes qui, venus d’Espagne au VIII-ième siècle, dominent l’Aquitaine et le Languedoc; * Des Vikings qui arrivent au X-ième siècle de la Scandinavie et s’installent en Normandie. Des Belges... aux Maghrébins Au XIX-e siècle commencent les grandes immigrations. * Belges et Italiens (1850 - 1914) regroupent les effectifs les plus nombreux dans une population immigrée estimée à 1 160 000 personnes (dans 39 196 000 Français); ____________________ * D’après Labrune G. La géographie de la France. Paris, 1988; Manfred A. Histoire de la France. M., 1978; Martino E. Crestomaţie la geografia Franţei. M.,1981 - 30 - * Espagnols et Polonais (1818-1939) constituent des groupes importants - 13 % et 19 %, à côté d’une immigration italienne toujours forte – 29 %. A cette période on compte déjà 2 715 000 étrangers pour 41 228 000 Français; * Portugais et Maghrébins prennent le pas sur les autres nationalités au cours de 1945 à 1974. Ils représentent respectivement 22 % et 34 % des 3 442 000 étrangers comptabilisés en 1975 pour 52 599 000 Français. Quelques mots sur les facteurs d’unification d’une France plurinationale Le Français est le résultat d’une complexe fusion de peuples aux cultures diverses. Les volontés centralisatrices de la monarchie, de la Révolution et de la République ont contribué à forger une unité française. Mais les vrais ciments de cette unité semblent avoir été, au XIX-ème siècle, le développement des chemins de fer, le service militaire généralisé et l’enseignement primaire obligatoire. 2. Caractéristiques générales du Français* La fusion des peuples et des cultures diverses ont contribué à la formation d’un Français ayant plusieurs traits particuliers qui le distinguent des autres hommes. Sur la mentalité française La mentalité collective et la langue constituent le substrat de toute civilisation. La mentalité française s’est constituée lentement au cours des siècles. C’est un stéréotype d’après lequel les Français apparaissent aux yeux des autres nations comme une nation déconcertante, car il paraît que les Français doivent aux Celtes leur individualisme, aux Romains leur amour du droit et de l’ordre formel, aux Germains leur génie constructif, aux Normands l’esprit d’initiative. Ces affirmations soulignent la grande diversité psychologique d’un peuple qui a toujours surpris les autres par ses contradictions et ses inconséquences et qui, à l’avis de Frédéric II «...a beaucoup d’esprit, mais point de suite dans les idées». On pourrait regrouper les différents traits du tempérament et _________________ * Voir G.Michaud, A.Kimmel. Le Nouveau Guide France. Hachette, Paris,1992. - 31 - du caractère national en quatre types principaux dont chacun repré- sente une classe ou un milieu social: - le type paysan, - le type aristocrate chevaleresque, - le type bourgeois, - le type Parisien. C’est à partir de ces types que s’est construite la personnalité française. On distingue chez le Français: (a) un tempérament double Tout d’abord c’est un fonds paysan car à l’origine, la population était essentiellement rurale. Ce fonds paysan, attaché à sa petite propriété depuis la Révolution de 1789 formait encore au début du XX-ème siècle la majorité de la population française. C’est d’ici qu’on constate que le Français est: - attaché à la terre natale, donc sédentaire. Son horizon est borné. “Il a l’esprit de clocher", c’est à dire que son esprit se borne à celui de sa paroisse; - réaliste. " Il a les deux pieds sur terre" et "il ne s’en laisse pas conter"; - parcimonieux, jusqu’à l’avarice. Le "bas de laine" où il entasse ses économies symbolise l’esprit d’épargne; - précautionneux jusqu’à la méfiance; - traditionnaliste et conservateur; - d’un tempérament chevaleresque. Au Moyen Age s'est constitué une noblesse animée d’un esprit chevaleresque dont on peut retrouver les traces dans les masses populaires, surtout aux moments critiques de l’histoire du pays. Ce tempérament s’oppose à la mentalité paysanne; - idéaliste, donc "bouillant et chimérique". Il est animé de l’esprit d’aventure; - généreux jusqu’à la prodigalité. Il est toujours prêt à s’engager pour une cause qu’il croit juste et "a le coeur sur la main"; - individualiste, même indiscipliné. "Il a la tête près du bonnet"; - révolutionnaire quand il s’agit de lutter contre l’injustice - 32 - ou l’oppression. (b) un caractère contrasté Il y a d’abord "le Français moyen" – fruit de la bourgeoisie devenue classe dominante – qui a été décrit par les romanciers et critiqué par les caricaturistes. Le Français moyen passe pour: - être jovial et bon vivant, optimiste, amateur de bon vin et de bonne chère; - être pratique, ingénieux et débrouillard, passionné de bricolage; - être de bon sens; - être très sociable, "ami de tout le monde". "Quand je suis en France, je fais amitié avec tout le monde" disait Montesquieu. Il y a ensuite le caractère parisien créé par toutes les influences et qui, depuis le XVIIIe siècle s’oppose au provincial. Le Parisien est: - insouciant et d’humeur capricieuse. Il a le goût pour la "bohème"; - curieux et amateur du jeu. Il suit la mode quand il ne la précède pas. Il est toujours pressé, mais ne déteste pas la flânerie. "Il aime faire le badaud". - persifleur et rouspéteur. Il aime à se moquer par un mot, par un geste. Le "titi" parisien a toujours été l’héritier de Gavroche. (c) l’esprit français comprend aussi quelques traits distinctifs. On remarque à cet endroit: - le Français a l’esprit d’à-propos, ou la présence d’esprit, c’est- à-dire il réplique du tic au tac en jouant sur les différents sens du mot. D’après l’avis général, en France tout le monde paraît avoir de l’esprit. Voyez, comme exemple, cette petite histoire: "A Cannes il y avait des négociations très difficiles entre Lloyd George (homme d’Etat britannique) et Aristide Briand (homme politique français). A un moment, Lloyd George perd patience et s’écrie: - Vous autres Français, vous êtes par-dessus tout sublimes. Mais méfiez-vous: du sublime au grotesque, il n’y a qu’un pas! - Oui, dit calmement Briand, le Pas-de-Calais." On dit que Lloyd George est resté interdit pour quelques moments. - Le Français a de la rosserie; - Le Français a une logique inattendue. - 33 - (d) la personnalité française Tous les types que nous avons énumérés se composent harmonieusement et forment la personnalité française. Elle est faite du sens de l’équilibre et de la mesure. "Le Français est jardinier au plus haut degré" a dit Keyserling (maréchal allemand). Et le jardin, n’estce pas la nature humanisée? En cultivant son jardin, comme le recommandait Candide (personnage des contes philosophiques de Voltaire), le Français, ce paysan devenu homme du monde, a le sentiment de se réaliser pleinement. Il lui plaît à pratiquer la culture, et à ses yeux, un homme se cultive comme un jardin: attentivement, amoureusement. Le Français est logique, son esprit est ordonné et clair comme son langage. Il introduit partout la logique et la clarté au nom de l’intelligence, d’une géométrie de l’esprit. Le Français a besoin d’être parfait, fini. C’est pourquoi il exige la liberté - condition de la dignité humaine. C’est de là que vient ce charme indéfinissable de la "douce France". On dit que tout homme a deux patries: la sienne et puis la France. Et c’est vrai parce que beaucoup de gens trouvent dans ce pays, en dépit de ses défauts, - ou peut-être à cause d’eux -, un équilibre, un "je ne sais quoi" qui n’est qu’un style de vie, ou bien un art de vivre. Quelques mots sur le Français-type ou les comportements majoritaires des Français Logement : 56 % des ménages vivent en maison individuelle; Voiture: 75 % des ménages possèdent une voiture particuliè- re. 53 % n’en ont qu’une; 22 % en ont plusieurs. Cela représente quelques 20,7 millions d’automobiles. Budget: Il est divisé en huit parties de base, chacune repré- sentant les besoins les plus importants: alimentation – 21 %, logement – 18 %, transports – 14 %, santé – 14 %, équipement – 8 %, loisir – 6,5 %, habillement – 6 %, divers – 12,5 %. Alimentation: Le Français consomme en moyenne, par personne et par an: 67 kg de pain, 64 kg de pommes de terre, 70 kg de légumes, 60 kg de fruits, 35 kg de viande, 18 kg de volailles, 10 kg de poisson, 20 kg de fromage, 100 litres de lait frais, 74 litres de vin, - 34 - 40 litres de bière et 55 litres d’eau minérale. Repas: Les repas pris à domicile représentent 81 % des repas hebdomadaires (74% en région parisienne). Les repas pris à l’extérieur sont payants à 58 %. 38 % sont des invitations dans un autre foyer, 4 % sont préparés à domicile et consommés à l’extérieur. Animaux domestiques: 52 % des ménages se partagent 30 millions d’animaux domestiques, dont 9, 75 millions de chiens (dans un foyer sur 5) et 7,25 millions de chats (dans un foyer sur 10). Taille-Poids: L’homme mesure 1,71 m et pèse 72 kg. La femme mesure 1,60 m et pèse 59 kg. Longévité:Elle est de 71,5 ans pour les hommes, de 79,6 ans pour les femmes. 3. Sur la langue française On dit qu’une langue n’est pas seulement un véhicule ou un instrument d’échanges. C’est un être vivant qui évolue avec la communauté dont il est l’expression et le miroir. C’est pourquoi on retrouve dans la langue française toutes les qualités et les défauts du peuple français. La langue française est l’image fidèle des Français. Pendant plus de deux siècles (du XVIIe au XIXe s.) le fran- çais a été la langue de l’aristocratie européenne et de la diplomatie mondiale. Aujourd’hui encore, plus de 80 millions d’hommes sur le globe ont le français pour langue maternelle, autant d’autres le parlent couramment et de nombreux Etats l’ont adopté comme langue officielle. Après une période critique, où l’anglais lui faisait une concurrence victorieuse, le français connaît un regain de faveur dans de nombreux pays. En tout cas il conserve un grand prestige: (a) parce que c’est une langue codifiée, c’est-à-dire le fran- çais écrit diffère beaucoup du français parlé. Le français écrit est une langue officielle étroitement surveillée depuis plus de trois siècles par l’Académie Française, dont les décisions contrôlent l’évolution. L’orthographe qui déroute les étrangers (aussi bien que les jeunes Français) est en France un véritable culte. De nombreux journaux consacrent „à la défense de la langue française” une rubrique spé- ciale où les spécialistes ainsi que les amateurs mènent des discussions sur la syntaxe, l’étymologie ou les emprunts; - 35 - (b) parce que tout en étant l’image du peuple qui le parle, le français a la réputation de langue difficile et ceux qui le connaissent bien en sont très flattés car beaucoup retrouvent en lui l’image d’une mentalité et d’une culture à part; (c) parce que le français est une langue analytique et propre à l’abstraction, comme c’est avec l’article partitif: je bois de l’eau. Il aime les mots simples et courts qui portent plutôt des idées que d’images. Il préfère le substantif au verbe, c’est-à-dire la substance au devenir. Cependant en français le mot est dépassé par le contexte. La phrase française, fortement articulée, où les fonctions obéissent à un ordre rationnel, reproduit le schéma de la mentalité française. (d) parce que le français a un extraordinaire esprit de finesse et comparé à l’anglais, l’allemand, l’italien, l’espagnol – sonores et fortement accentués – le français apparaît comme une langue atone, effacée. En réalité, la ligne mélodique, la présence de l’e muet qui crée une sorte de zone d’ombre, met en relief les autres voyelles et tout en assurant un équilibre et une mesure entre les divers éléments de la phrase, communique à cette phrase une subtile profondeur. Le français n’est pas une langue pauvre et rigide. Au contraire, grâce au jeu des prépositions, aux mots aux multiples acceptions possibles, c’est une langue en nuances subtiles et son utilisation exige beaucoup de finesse et de précision. On peut exprimer n’importe quoi en français, mais non pas n’importe comment: l’imprécision du langage y trahit l’imprécision de la pensée. Précision et finesse: telles sont, en fin de compte, les caractéristiques essentielles de la langue française. Elles communiquent au parler un “je ne sais quoi” qui, sur le plan de l’expression, s’appelle style. Pour prouver que la langue française est une des plus belles et prestigieuse nous vous proposons un fragment d’un discours prononcé par M. Mac Govan (un Anglais) à Nice en 1983: “Je suis fier de posséder, en tant que langue maternelle, une langue, non seulement de communication, mais de poésie. L’homme sans poésie est un être sans espoir. Mais je suis fier de posséder aussi, à un niveau bien inférieur, une langue qui m’a appris à penser. J’ai l’habitude, depuis très longtemps, en dressant un froid - 36 - rapport d’inspecteur, de faire cela, pour moi-même, en français. Si c’est bête en français, c’est de la bêtise authentique. Le prestige de la langue française est énorme (...). En 1940, on disait que la France était finie, on employait même un mot plus savoureux. Regardez-moi la France d’aujourd’hui pour constater combien cela était faux! Il en est de même pour la langue française; elle sera là dans mille ans parce que des étrangers comme moi en auront besoin, que l’enseignement du français soit obligatoire ou même qu’il ne le soit pas. Fait curieux, je vous confierai que mes cauchemars sont en anglais, mais que je fais mes plus beaux rêves en français.” (France soir). 4. Sur les noms de famille français C’est très intéressant de trouver l’origine des noms de famille des Français. Les plus anciens noms de famille remontent au Moyen Age. Vers la fin du IX-ième siècle au nom de baptême s’ajoute le surnom qui devient héréditaire avec le fief. Les deux noms sont définitivement fixés en 1539, quand l’ordonnance de Villers-Cotterêts crée le Registre d’Etat Civil, établi à la paroisse, qui comporte obligatoirement prénom et nom de famille. Beaucoup de ces noms parlent d’eux-mêmes. D’autres sont plus énigmatiques, mais l’onomastique a trouvé leur origine à travers les déformations successives qu’ils ont subies. Les uns et les autres évoquent les multiples aspects de la civilisation française. * la géographie: - termes topographiques: Montaigne (montagne), La Fontaine, Dupuy, Dubois; - noms d’arbres: Duchesne (Du chêne), Pommier; - noms de pays d’origine: Lebreton, Lenormand, Picard, Aragon; - noms d’habitations (lieux): Dumas, Desmoulins, Lagrange. * l’histoire: - noms d’origine germanique: Béranger, Girard, Lambert; - noms d’origine grecque: André, Denis, Philippe; - noms d’origine latine: Antoine, Clément, Martin, Vincent; - noms d’origine biblique et évangélique: Adam, David, Mathieu. * la société: - 37 - - noms de métiers: Pasteur, Meunier, Chabrier (chevrier); - noms d’états: Lemaître, Leclerc, Lemoine; - noms de parenté: Leneveu, Cousin, Legendre. * les moeurs: - sobriquets concernant le physique: Legrand, Leblond, Lebrun, Camus, Bossuet; - sobriquets concernant le moral: Lefranc, Lesage; - sobriquets évoquant les animaux: Labiche, Chevreuil, Corneille; - sobriquets divers: Boivin, Boileau, Lamoureux. * D’autres noms évoquent une origine étrangère: - noms bretons: Le Braz (le grand), Le Hir (le long); - noms basques: Ibarnegaray (vallée haute), Etcheverry (maison neuve); - noms flamands: Huyghe (Hugues), Martens (Martin); - noms allemands: Bernard, Siegfried, Walter, Becker, Muller; - noms italiens: Paolo, Leonardo, Lombardi, Rossi. 5. Sur la famille française Elle représente un des meilleurs exemples de la façon dont s’unissent en France traditions et nouveautés. Elle garde certains traits typiques, en transformant des structures et des moeurs, et finit par une pluralité de comportements et de modes de vie familiaux. La famille française a conservé certains de ses caractères traditionnels en constituant la cellule principale de la vie sociale. Par cela elle rappelle la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948: « La famille est l’élément naturel et fondamental de la Société et de l’Etat. » La majorité des Français (84 %) estiment qu’elle doit rester la cellule de base de la société. Les Français respectent la tradition de célébrer la famille (Fête des Mères, Fête des Pères). On s’unit pour former un couple pour le meilleur et pour le pire. Les fiançailles officielles n’existent pratiquement plus. Les mariages ont lieu le plus souvent le samedi. Le mariage civil a lieu à la mairie, en présence des témoins (choisis par les mariés) et des proches. Le mariage religieux se fait de plus en plus rare. Dans les an- - 38 - nées 60 du XX-ième siècle il y en avait plus de 80 %. Ce chiffre a baissé vers la fin du siècle passé jusqu’au 62 %. La coutume voulait autrefois que la mariée soit en robe blanche (symbole de la pureté) et le marié – en costume sombre: une tradition qui se perd surtout dans les grandes villes. Le mariage c’est l’occasion d’un grand repas de noce, surtout à la campagne, où l’on invite tous les parents et amis: on mange, on boit et on danse pendant plusieurs heures. Les mariés reçoivent des cadeaux (généralement ceux qu’ils ont choisis en déposant une « liste de mariage » dans un magasin). Après la cérémonie, les jeunes mariés partent en voyage de noce pour (« la lune de miel »). Environ 65 % des Français font baptiser leurs enfants à l’église. Le baptême est aussi l’occasion d’un bon repas auquel on y invite la famille proche - le parrain et la marraine. On offre des dragées à toutes les connaissances de la famille. Vers l’âge de 12 ans tous les enfants qui ont suivi les cours de catéchisme font leur communion à l’église de leur paroisse (territoire qui dépend d’un curé), signe qu’ils appartiennent à la communauté catholique. Mais cette cérémonie religieuse tend à disparaître dans les grandes villes. Elle se maintient encore à la campagne. Le repas de communion peut être aussi grandiose qu’un repas de noce. Les enfants distribuent des dragées aux invités et amis et re- çoivent de nombreux cadeaux. La famille française se transforme sous l’influence des conditions de vie. Il y a des crises internes, des conflits entre générations: la femme veut une vie plus indépendante qu’autrefois, les enfants s’émancipent de plus en plus tôt. Le travail, comme les loisirs, dispersent les membres de la famille. Celle-ci éclate et se réduit à un noyau (parents ↔enfants). L’évolution récente a apporté de grands changements: à partir de 1972-1973 on assiste à une spectaculaire chute de la natalité. Avec 778 000 naissances en 1987 et un taux de natalité de 14 %, la France est un pays des plus féconds d’Europe et se situe actuellement en tête des pays de la Communauté Économique Européenne. - 39 - Mais c’est tout de même insuffisant pour assurer le renouvellement des générations. En même temps le nombre des mariages a diminué en cette période de 150 000. Parallèlement le nombre des divorces s’accroît très sensiblement: 38 000 en 1972, plus de 100 000 aujourd’hui. On compte désormais 30 divorces pour 100 mariages. Il y a un autre phénomène récent: la cohabitation ou l’union libre (autrefois - concubinage). Une conséquence de ce phénomène: 20 % des naissances sont des naissances hors mariage. Une des causes de cette situation est que la femme française souhaite de plus en plus s’assurer une existence autonome. Longtemps réduite à un rôle mineur, la Française d’aujourd’hui, grâce aux efforts des mouvements féministes de l’entre-deux-guerres, est juridiquement l’égale de l’homme et tend à trouver un équilibre satisfaisant entre sa vie personnelle, familiale et professionnelle, c’est-à-dire elle veut jouer un rôle social nouveau. 6. Quelques mots sur les célèbres femmes françaises On ne naît pas femme, on le devient. Simone de Beauvoir « Souvenons-nous toujours, Français, que la Patrie chez nous est née du coeur d’une femme, de sa tendresse et de ses larmes, du sang qu’elle a donné pour nous » Michelet Jeanne d’Arc Jeanne d’Arc - pureté, douceur, bonté héroïque, Jeanne d’Arc est l’héroï- ne française du temps de la guerre de Cent Ans. Cette jeune paysanne a pu se mettre à la tête des troupes françaises et remporter des victoires sur les envahisseurs anglais; mais elle a été trahie, vendue aux Anglais, jugée comme hérétique et sorcière et brûlée vive à Rouen le 29 mai 1431. Tout étonne dans l’histoire de Jeanne d’Arc. A 17 ans elle entre dans l’histoire de la France. En deux ans cette jeune fille de la campagne qui, selon la chronique ne sait ni lire, ni écrire, a su se faire écouter des rois et des soldats, commander une armée, gagner des batailles. Elle est morte, mais sa figure grandit au coeur des Français. Au XVe s., l’Eglise décide de la reconnaître comme sainte. Marie Curie Marie Curie – physicienne française d’origine polonaise, s'intéresse au phénomène de la radioactivité. Elle a conclu qu’il s’agissait d’une propriété des - 40 - atomes et a supposé l’existence d’éléments encore inconnus, très fortement radioactifs. Elle a découvert la radioactivité du thorium, et en 1899, avec P.Curie, du polonium et du radium. Au cours de la Première Guerre Mondiale, elle a organisé sur le front le premier service radiologique mobile. Elle a été la première femme nommée professeur à la Sorbonne et la France lui doit la création de l’Institut du radium. Ses cendres ont été transférées au Panthéon en 1995. Prix Nobel en physique en 1903 avec P. Curie et H.Becquerel; Prix Nobel de chimie en 1911. Françoise Sagan – La petite Française Françoise Sagan symbolise la fureur de vivre dans les milieux bourgeois. D’elle restera, au minimum, de jolis titres. Son premier roman «Bonjour tristesse» obtient le Prix des Critiques et connaît auprès du grand public un succès exceptionnel. Parmi les écrivains français, on compte plusieurs femmes qui sans doute sont de bonnes romancières. Depuis 50 ans, Françoise Sagan persiste à être un peu plus qu’elle même: elle incarne une époque, un art de vivre. En janvier 1954, une étudiante inconnue dépose chez plusieurs éditeurs un manuscrit rédigé quelques mois plus tôt dans les cafés autour de la Sorbonne. Derrière la célèbre phrase qui ouvre le roman: «Sur ce sentiment inconnu dont l’ennui, la douceur m’obsède» se cache un nouveau ton, une jeunesse, une insolence ensoleillée. Le lendemain elle est célèbre. Pour l’heure, la mode demande des jeunes femmes qui écrivent. Avec son succès mondial (les Etats-Unis lui ont réservé un accueil de reine), Sagan peut tout se permettre: plus besoin du prix Goncourt pour être célèbre. Elle choisit son pseudonyme dans Proust, ses titres chez Eluard ou Racine; cela suffit aux lecteurs pour la mettre dans leurs personnages aux côtés de Stendhal. Tous les ans elle aligne de nouveaux romans. Elle s’essaye au théâtre, au journalisme. Le mythe Sagan, c’est d’abord, «Bonjour Tristesse». On la voit avec Cocteau. Pieds nus au volant d’une décapotable. Elle quitte son éternel cardigan pour une robe du soir ou un maillot en carreaux et soudain on la trouve jolie, ce petit oiseau ébourriffé aux yeux craintifs. C’est cela une légende: quelqu’un qui met l’étincelle à notre souvenir autant qu’à notre imagination. Georges Sand Georges Sand - ou Aurore Dupin est une romancière française du XIX-e siècle. Elle se prononçait toujours contre les conventions mondaines et les préjujés sociaux. Son oeuvre est composée de romans champêtres, psychologiques, philosophiques, des éléments autobiographiques, des articles politiques rédigés pour le gouvernement de la République de 1848. Elle écrivait sur le monde tel qu’elle le voyait et le jugeait, tel qu’elle le souhaitait. Sand croyait que la bonté et la justice devaient un jour triompher sans violence. L’épigraphe pour le livre «Histoire de ma vie» de Georges Sand peut être considéré comme but primordial de la vie de chaque homme: « Charité envers les autres; Dignité envers soi-même; Sincérité devant Dieu ». - 41 - Edith Piaf La légende dit qu’elle est née le 19 décembre 1915 dans la rue, sous un réverbère, dans la pèlerine d’un agent de police. Et on ne peut plus aujourd’hui découvrir grand-chose qui vienne confirmer ou infirmer cette légende. Ainsi, on peut lire devant l’immeuble du 72, rue de Belleville sur une plaque en marbre tout à fait officielle l’inscription suivante: « Sur les marches de cette maison naquit le 19 décembre 1915, dans le plus grand dénouement, Edith Piaf dont la voix, plus tard, devait enchanter le monde ». Sa mère, Anita Maillard, était goualeuse, comme on disait à l’époque. Son père, Louis Gassion, était acrobate. Leur scène à eux, c’était le trottoir. C’est donc dans cette ambiance particulière, entourée, nourrie, choyée, dorlotée par des filles de joie qu’Edith va passer quelques années. Drôle d’endroit pour une enfance! La légende dit cependant que le goût de la musique lui est venu dans cet endroit où trônait évidemment un piano. Enfin l’histoire est encore plus belle avec un miracle divin: Edith a des problèmes avec ses yeux, qui la rendent quasiment aveugle pendant quelque temps. Voici donc les filles de la maison parties en procession dans la ville proche de Lisieux pour y prier la fameuse Sainte Thérèse. Et ça marche: Edith retrouve la vue. Pour elle c’était un vrai miracle. Elle y a toujours cru. Depuis cette date et jusqu’à sa mort, elle vouait une véritable dévotion à Sainte Thérèse . Puis, elle devient, comme sa mère, goualeuse des trottoirs à Pigalle. Elle fréquente des bars louches, les petits truands, casseurs, souteneurs et autres receleurs, ce qu’on appelle alors « le milieu ». Elle est mère à 17 ans, et voit sa fille mourir tout enfant d’une méningite. Dès lors elle replonge de plus belle dans une vie de débauche et de fréquentations interlopes. Mais c’est justement peu de temps après cet épisode tragique que le destin lui sourit enfin. Un après-midi de septembre 1935, alors qu’elle chante, un homme la regarde et l’écoute attentivement, puis dit: « Ta voix, mon petit ange, c’est ton premier et ton dernier bien. Elle va t’ouvrir le septième ciel ». C’était Louis Leplée - un vrai dandy, proprié- taire d’un des établissements des plus chics de Paris. C’est lui qui a trouvé le nom de « la Môme Piaf » pour la connotation fragile qui va bien à son physique. Edith est en effet toute petite (1,47 m.), elle a l’air maladif et on lit dans ses yeux un drame, même si l’on ignore qu’elle vient d’enterrer son enfant. En l’entendant pour la première fois, tout le gratin de la presse, du spectacle et de la culture restait stupéfié et ébloui. Jusqu’au jour où Louis Leplée est mystérieusement assassiné. A ce moment-là, elle disait: « La chance..., ça part plus vite que ça n’arrive ». Elle en était soupçonnée, sans preuve et pour elle le beau rêve tourne court. Plus personne ne veut l’engager, sauf quelques patrons de boîtes de Pigalle. Tous les nouveaux amis lui tournent le dos. C’est seulement Raymond Also qui la prend sous sa protection, la défend contre les spectateurs qui la sifflent, la rejettent et se moquent d’elle. C’est lui qui lui redonne l’énergie de tenir le coup, de vaincre. Pendant trois ans de combat quotidien, Raymond Also apprend à Môme à - 42 - se conduire dans la vie, à se tenir à table, à s’habiller, à parler correctement. Et, voilà qu’une toute petite femme monte pour la première fois de sa vie sur la plus célèbre scène de Paris des années ’30 - l’ABC, sur les Grands Boulevards. Dès les premières notes, le miracle se produit comme il y a quelques années. Elle a l’air d’être chez elle. Par tempérament, par vocation, elle transmet en chantant ses émotions, sa sensibilité. Elle chante en effet « avec ses tripes ». C’est un triomphe. Le lendemain l’ensemble de la presse parisienne se fait l’écho de son succès : « La Môme était charmante... Mais Edith Piaf c’est une artiste, une grande artiste » (Le Journal). « Madame Piaf a du génie. Elle est inimitable. Il n’y a jamais eu d’Edith Piaf ». Il n’y en aura plus jamais » (Le Figaro). Adieu la Môme Piaf. C’est Madame Edith Piaf qui vient d’entrer dans l’histoire de la chanson française. Un monstre sacré est né. Enfin, l’ombre de Piaf s’étend évidemment sur nombre de chanteuses françaises, telle Patricia Kaas, Céline Dion et autres. Mireille Mathieu (1946 -) Mireille Mathieu est une célèbre chanteuse française. Sa manière de chanter s’est formée sous l’influence d’Edith Piaff. „ J’interprète mes chansons en français, dit-elle, sauf une ou deux dans la langue du pays. Par politesse. J’aime les chansons de mon pays. J’ai enregistré un album des grandes chansons de notre patrie: «La Vie en rose» chantées par Piaf, «La Mer» de Trénet, «Les feuilles mortes» de Prévert et Kosma. Mireille apparaît dans un film en 1912, elle avait six ans. Elle rappelait souvent, dans un sourire, qu’elle a été, à ses débuts, baptisée: « Le petit saxe-aphone! » Son oeuvre, ses chansons, son Petit Conservatoire ont marqué près d’un siècle les chanteurs. En 1932, « Couchés dans le foin » est Grand Prix du disque, c’est un succès sans précédent, les ventes atteignent le chiffre phénoménal de 50000 disques par mois durant la première année. La légèreté, la fraîcheur, de cette chanson bousculent les habitudes. Fini les complaintes, les larmes et la vulgarité. Vive les fleurs et les petits oiseaux. Vive l’amour... C’est le sourire avant-gardiste des congés payés, de la découverte de la nature, de la liberté et même de l’audace: «Je ne fais pas de l’amour en cage». De retour sur les scènes, les publics, lui font chaque soir une ovation. « J’ai eu la chance de venir à l’époque où, grâce à Mireille et Jean Nohain, une véritable révolution avait déjà bouleversé la chanson française, où l’on ne croyait plus, qu’un artiste de music-hall ne débite que des couplets idiots». On lui demande à quoi elle doit sa réussite. « A 99% au travail ». Et sa voix? Son personnage de jeune femme sage, sans un cheveu rebelle, de jeune femme sans histoires sauf celles inventées par la presse à scandale Mireille balaie tout cela d’un revers de main. Oh! Vous savez, il faut rester soi-même dans la vie. La mode se démode très vite. Que chacun fasse son métier. Moi, je pratique le mien avec passion, car j’ai le bonheur de l’avoir choisi. Le soleil doit briller pour tout le monde. Finalement, c’est le public qui décide. L’essentiel est de garder les pieds - 43 - sur la terre, de ne pas perdre la tête, de se méfier des flatteurs, d’essayer de ne jamais décevoir. Je vis, je m’inquiète, je m’indigne contre la guerre, contre le racisme. J’ai en mémoire une phrase de Pasteur: Je ne te demande pas quelle est ta religion, quelle est la couleur de ta peau, dis-moi ta souffrance». Le plus beau compliment qu’on puisse lui faire est de dire qu’elle est une chanteuse populaire. Juliette Gréco Juliette Gréco - l’éternel féminin « Noire et blanche, c’est la reine de la nuit. Gréco est le chef-d’oeuvre unique de Gréco. Elle ne sera jamais prise pour une autre et aucune autre ne porra jamais l’imiter » (François Maurice). Elle devient un mythe avant même d’avoir accompli son destin; elle entre dans la légende des chanteurs français du XX-e siècle à l’âge de 20 ans. Elle chante la fatalité des amours déçues, les nostalgies infinies, les larmes heureuses, la trivialité des heures déchues. Muse des poètes aujourd’hui disparus, elle incarne l’image indestructible de la jeunesse d’après guerre dans Paris rendu aux Français, meurtri mais revenu à la vie; elle symbolise ce Paris-Canaille, intellectuel et cosmopolite, mais aussi l’insolence de la liberté. Conquérante, fragile, séductrice, rebelle, déchirée, croqueuse d'hommes, secrète, sauvage, drôle, provocante, romantique, sarcastique, voluptueuse, sensuelle, blessée, violente, impudique, éperdue, distante et puis soudain si proche... Et toujours « scandaleuse », car le scandale était dans l’air du temps qu’elle symbolise. «Elle incarnait le courage de l’après-guerre. Elle était évidemment Paris, la rive gauche et pour un Américain du Nord qui n’était pas familier de ces choses, il y avait trois êtres connus Sartre, Camus et Gréco. Piaf c’était la rue, le coeur brisé, la romance de Paris; Gréco avait une position plus en retenue, plus sévère, elle donnait l’impression d’avoir une vie passionnée, de traverser des désastres sans occulter l’existence. Elle incarnait cette merveilleuse confusion que les Français ont inventée entre l’intellect et le corps » (Léonard Cohen). En février 2002 elle fête ses 75 ans et ses chansons hantent encore bien des mémoires. Gréco est son mystère, son image de femme fatale, celle qui s’absente, qui pointe à l’horizon, joue de son apparence et s’en sert dangereusement. Vedette, monument, symbole, elle n’est pas oubli, mais mémoire. Elle n’est pas écho du passé, mais résonnance du présent. Que va-t-elle devenir, elle ? Elle n’en sait rien. Elle ignore encore qu’elle va chanter. Partout. Longtemps. Toujours... Mistinquette La reine du music-hall... Quelle résonnance peuvent avoir ces mots aujourd’hui? Toutes ses chansons: Ça, c’est à Paris, Mon homme, Je cherche un millionnaire. Ces chansons ont fait le tour du monde, mais ce n’est pas sûr que ces chansons légères n’aient pas pu vivre leur vie en oubliant le nom de celle qui les a mises au monde lorsqu’elles entrèrent au royaume du patrimoine quasi-folklorique Mistinquette, née le 5 avril 1873, s’appelait Jeanne Bourgeois, on comprend pour- - 44 - quoi elle avait «éprouvé le besoin de se faire un autre nom plus conforme à son image d’aristocrate du peuple. La vraie parisienne est à la fois grande dame et fille du peuple». « On dit que je montre mes gambettes, c‘est vrai, mais j’serai pas Mistinquette si j’étais pas comme ça». Bien sûr, Mistinquette n’était pas une grande voix et ses gambettes chantaient parfois pour elle car, «lorsque sa monte trop haut, moi, je m’arrête, et d’ailleurs on n’est pas ici à l’Opéra». Mais le charme et l’intelligence, la simplicité de sa façon de chanter, compensaient largement l’absence de qualités vocales et jamais une autre chanteuse n’a eu un tel succès, n’a rencontré une telle dévotion du public de toute condition, en France comme dans tous les pays; notamment aux Etats-Unis, en 1922, elle a été la première vedette française reçue triomphalement. C’est bien avec le son de sa voix que ses chansons ont fait et continuent à faire le tour du monde, et c’est grâce à sa voix qu’elles trouvent à présent d’autres interpètes. Lucienne Delyle (1917-1962) Dès 1939, «Sur les quais du vieux Paris» et « la Prière à Zumbia » la mettent en vedette. Le voile nostalgique de sa voix est accordé aux années de l’occupation. « Mon amant de la Saint-Jean », une chanson de milieu marseillais, est un des plus grands succès de cette époque. En 1956, elle obtient le Grand Prix du disque avec Java. Lucienne Delyle est la chanteuse populaire par excellence qui chante avec son coeur. Catherine Deneuve Elle a été princesse dans les années 60, puis femme idéale, devenue Reine du cinéma. Sa carrière est unique au monde. Modèle de l’élégance et du style, photographiée par les plus grands, elle a réussi à masquer sa vie privée tout en franchissant les époques. Car Deneuve a changé comme le cinéma a changé. Deneuve est seule et unique, l’impératrice. Elle ne récolte que l’admiration. Aux Etats-Unis ses quatre derniers films n’ont jamais eu autant de succès. Ses grands succès, à un âge où les actrices sont plutôt au chômage, c’est une véritable passerelle entre les cinéphiles et les cinémas. Car, s’il ne s’agit pas d’un mythe, elle est l’incarnation de l’idéal français. Sophie Marceau Sa carrière a débuté en 1981 dans le film « La Boum » de C. Pinoteau, alors qu’elle n’avait que 14 ans. Cette comédie légère a connu un grand succès international. Elle a rencontré le réalisateur polonais Andrej Zulawski et a tourné avec lui « L’amour braque ». C’était le coup de foudre! Malgré leur différence d’âge (elle 18 et lui 44), leur histoire d’amour dure depuis 15 ans et un garçon est né de cette union. En 1994, Mel Gibson l’a choisie pour jouer le rôle de la Princesse Isabelle dans son film épique et oscarisé « Coeur Brave ». Par-delà les nuages, « Anna Karénine », et tout récemment le dernier des « James Bond ». Sophie est devenue une star mondiale. Mais les intérêts de Sophie Marceau ne s’arrêtent pas là: écrivain, peintre à ses heures libres, réalisatrice, activiste, protectrice des ani- - 45 - maux et marraine de l’organisme Arc-en-ciel qui réalise les rêves des enfants malades, Sophie s’implique autant culturellement que socialement. Sa sensibilité, sa générosité, sa beauté et sa jeunesse laissent entrevoir une carrière internationale des plus prometteuses. Les femmes modernes veulent s’épanouir dans l’action, professionnelle ou autre, mais elles récusent les aigreurs du féminisme d‘antan. Elles sont des femmes novatrices pour leur époque, provocatrices même, en tout cas aventurières et toujours romantiques. Carmen Sylva Entre le sceptre et la plume: le pseudonyme d’Elizabeth de Wied résume la vie littéraire de cette grande poétesse du XIX-e siècle, dont le nom est encore dans tous les dictionnaires. Elle a été aussi la première reine de Roumanie. Carmen Sylva est aussi le témoin d’un grand siècle où l’ordre du monde bascule plusieurs fois. Sa vie n’a pas été emplie de bonheur, mais elle a su donner un sens à sa douleur et en tirer des leçons. Elle a pu ainsi écrire dans le magnifique poème « A l’épreuve »: Si tu n’as pas pleuré, ne te dis pas poète De tes larmes de sang, de tes sombres douleurs De tes deuils, de tes jours d’application muette, Fais des rayons rosés, et des chants, et des fleurs... Cette femme d’exception fut la première souveraine de son temps à ne pas se laisser aveugler par sa noble condition. Aux diadèmes que son destin lui a posé sur sa tête, elle a préféré les lauriers qui couronnaient ses écrits littéraires. * * * L’analyse de leurs vies, des vies de ces femmes, est une promenade enchantée dans les jardins de la beauté féminine. Toutes, elles incarnent les vertues d’aujourd’hui mais sans jamais se départir de leur extrême feminité. Ainsi sont-elles toutes à la fois, la mé- moire, le testament et l’avenir de la femme. Des modèles... 7. La table des Français La cuisine française est très célèbre. La tradition culinaire en France remonte à la Renaissance. Les premiers restaurants sont apparus pendant la Grande Révolution bourgeoise. Au XIXième siècle elle est chantée par les poètes, et les philosophes (Berchou lui a consacré un poème en quatre chants: La Gastronomie; Savarin - un traité - La Physiologie du Goût). Depuis lors la gastronomie française est considérée comme une science, ou un art; elle a une renommée mondiale. La cuisine est pour la grande majorité des Français un code, une méthode; elle a ses principes et ses lois. Un repas est à la fois la - 46 - célébration d’un rite et une oeuvre d’art ordonnée selon un certain rythme et un ordre comme une symphonie ou une pièce classique. On dit que le menu est l’expression de l’idée française de civilisation à table. Il exprime un besoin d’ordre et de durée. Un vrai repas est une pièce en 5 actes: hors d’oeuvre, entrée, viande garnie, fromage, dessert. D’une façon générale, la table reste un des principaux plaisirs du Français. Harpagon a beau affirmer qu’il ne faut pas vivre pour manger. Le Français considère que si on ne mange pas bien, on ne doit pas affirmer qu’on vit. Cependant il consacre moins de temps qu’autrefois aux repas. Et le repas lui-même n’est plus si copieux. Il est aussi plus rapide. Il n’y a que les repas de fête qui gardent la tradition. Le Français croit normal de prendre cinq repas par jour: - à 7 heures du matin il prend le petit déjeuner: un simple bol de café noir, café au lait, thé ou chocolat avec des tartines de beurre ou biscottes; - à 9 heures il prend un casse-croûte, mais c’est seulement chez certains paysans ou travailleurs manuels; - à 12 heures, dans certaines régions, ceux qui travaillent à la cantine, au restaurant ou au café prennent un repas rapide (un plat ou un fromage). Les autres prennent le déjeuner: normalement il se compose d’un hors d’oeuvre ou d’une entrée, d’un plat principal et d’une salade, d’un fromage ou d’un dessert et, à la fin, un café; - à 16 heures les enfants prennent un goûter: pain et chocolat ou thé. Les grandes personnes, si elles vont en visite, prennent du thé, des toasts, des petits fours; - à 20 heures, c’est le repas familial, le dîner, au cours duquel chacun raconte sa journée. Il se compose de potage, viande, oeufs, poisson ou charcuterie, légumes, fromage et dessert (fruits ou entremets). D’habitude il a une durée plus importante. Le vin n’est pas seulement un produit agricole; c’est aussi une oeuvre d’art. Chaque vin a sa personnalité et il existe en France des règles pour le servir et pour le déguster. A la gloire du vin on invente tout, même des calembours, comme par exemple: « Jamais en vain, toujours en vin ». - 47 - Il existe quelques règles pour servir le vin: 1) Les « grandes » bouteilles se servent avec leur poussière, tenues horizontales, dans un panier d’osier; 2) Les vins rouges se servent « chambrées » (de 15 à 18°); 3) Les vins blancs et rosés se servent frais (de 5 à 12°); 4) Le champagne et le mousseux se servent légèrement « frappés » (rafraîchis lentement dans un bain d’eau et de glace); 5) Le choix des vins doit être harmonisé avec les mets et faire une savante gradation au cours du repas: - huîtres, poissons → blanc sec ou mousseux; - entrée → blanc ou rosé léger; - viande blanche, volaille → rouge généreux ou champagne; - viande rouge, gibier, fromage → rouge corsé; - entremets, dessert → vin doux, mousseux; - fruits → vin moelleux, champagne sec. Avant de boire le vin il faut le déguster: * humer d’abord le vin pour en percevoir le bouquet; * puis le boire à petites gorgées. Ni eau, ni cigarettes. Quant aux fromages, il faut dire que la France possède une variété incomparable de fromages: plus de 100 espèces et plus de 350 sortes différentes, aux formes les plus inattendues. Certains, comme le roquefort et le camembert ont une réputation mondiale. On distingue les fromages frais (petit suisse, demi-sel), les fromages fondus, les fromages à pâte pressée (le gruyère) et les fromages affinés (le camembert, le roquefort). Les fromages doivent être dégustés comme les vins et toujours accompagnés de vins. On dit en France: «Un repas sans fromage est comme une journée sans soleil» ou bien «Un repas sans fromage est comme un baiser sans moustache ». Pendant l’antiquité déjà, à Rome, on aimait manger deux fromages qui venaient de la Gaule: le roquefort et le camembert. Le roquefort est un fromage qui est fabriqué avec du lait de brebis. Il porte le nom d’un petit village, Roquefort, qui se trouve au sud du Massif Central. Un petit village de Normandie, Camembert, a donné son nom à un type de fromage fabriqué dans le monde entier, et, bien sûr, en France.

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